Chords for Mayra Andrade - Interview (french) (live @Bimhuis Amsterdam)
Tempo:
126.75 bpm
Chords used:
E
G
Eb
Tuning:Standard Tuning (EADGBE)Capo:+0fret
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Un nouvel CD, et le premier live.
Oui, tout à fait.
C'est spécial pour toi ?
Oui, c'est un spécial.
C'est un CD-DVD qui a été enregistré à la Maison de la Radio à Paris.
Et c'est spécial parce que je ferme une boucle.
En fait, j'ai fait un premier album studio qui s'appelle Navega,
un deuxième qui s'appelle Storia Storia.
Et ce live, c'est une compilation de chansons que j'avais encore très envie de chanter.
Plus quelques covers des Beatles ou de Serge Gainsbourg,
avec des arrangements totalement nouveaux, avec un moi plus un trio acoustique.
C'est encore un autre univers, beaucoup plus improvisé.
Née en Cuba, et puis tu habitais au Sénégal, en Angola, en Allemagne,
et maintenant tu habites à Paris.
C'est un grand voyage.
Oui, mais d'abord j'ai vécu au Cap Vert.
En fait, je suis née à Cuba et je suis partie avec quelques jours.
Je ne suis pas restée à Cuba, je suis vite partie au Cap Vert.
Et c'est là que j'ai vécu les six premières années de ma vie.
Et après j'ai commencé les voyages avec mes parents, qui étaient diplomates.
Et puis quand j'ai décidé de faire de la musique, je suis partie vivre seule à Paris, il y a presque dix ans.
Jeunesse heureusement.
Jeunesse très heureuse, oui.
Et maintenant à Paris ?
Très particulière, avec beaucoup de départs.
Il a tout le temps fallu se réadapter très vite, se faire des amis et après repartir.
C'est très particulier.
Et tu as des souvenirs spécialement de ces pays ?
Oui, chacun de ces pays a joué un rôle très important dans ma personnalité.
Et dans le domaine de la musique ?
Oui, c'est essentiel.
J'ai commencé la musique depuis que je suis née.
Je me souviens de moi, à l'âge de trois, quatre, cinq ans, je chantais déjà.
Mais quand il a fallu penser à un projet, j'ai dit je veux faire de la musique capverdienne,
mais je veux faire quelque chose de différent.
Je ne sais pas encore quoi, mais je veux faire quelque chose de différent.
La musique capverdienne est une musique qui est née d'un métissage qui s'est fait très rapidement au Cap-Vert,
entre des peuples africains et les portugais.
Et on a aussi des héritages des français, des anglais.
Mais c'est une musique, je ne sais pas comment décrire la musique capverdienne.
En fait, on est un archipel de dix îles, et chaque île a quelque chose de très spécifique, de très particulier.
Et c'est un univers très très grand.
Même au Cap-Vert, je me rends compte que les gens d'une île ne connaissent pas forcément très bien les styles de musique d'une autre île.
Oui, il y en a qui sont très populaires, comme la morna, la coladera, le funana.
Mais après, il y a des choses très particulières à chaque endroit,
et qui restent encore inconnues de nous-mêmes les capverdiens.
Je tombe amoureuse de mon pays à chaque fois que j'y retourne, parce que chaque fois je découvre de nouvelles choses.
Qu'est-ce que c'est spécifique au funana ?
Le funana, c'est un style de Santiago, mon île.
[E]
On joue avec un [N] ferrigno.
C'est un instrument, on voit.
C'est un instrument de musique, avec un ferrigno, qui est une barre de fer et un couteau,
sur lequel on joue un rythme, et un accordéon, originalement.
Ensuite, des groupes dans les années 80 ont passé ces rythmes vers des instruments électriques,
la batterie, les claviers, tout ça.
Dans le funana, vous avez quatre genres.
Quatre ?
Ah oui, ok.
C'est pour ça que je vous dis que c'est très riche.
Sur l'île de Fogo, il y a un rythme qui s'appelle la bandera, qui joue avec des tambours.
Il y a plus de 40 styles de bandera.
C'est impossible de connaître pour moi.
Il faut être de là-bas.
Mais tu habites à Paris.
Pourquoi Paris et pas [G] à Cap-Vert ou à [Eb] Lisbonne ?
Lisbonne ?
En fait, comme j'ai beaucoup voyagé, j'ai suivi l'enseignement français.
J'allais à l'école [N] française.
Donc j'ai quand même une culture francophone depuis très jeune.
Au moment de partir au Cap-Vert, tout le monde part.
A 18 ans, quand tu as fini l'école.
Maintenant, on commence à avoir des universités.
Mais quand on veut faire des études et qu'on a les moyens, on part.
On va au Portugal ou au Brésil.
Moi, je voulais chanter.
Donc j'ai choisi une ville cosmopolite avec plein de gens de partout
qui pouvaient m'apprendre plein de choses.
Donc je suis venue à Paris.
La dernière chanson, c'est «Qu'en a-t-il qui travaille ?»
Ça veut dire quoi ?
Ah oui, merci.
Ça veut dire «C'est celui qui est arrivé en dernier qui doit repartir».
En fait, c'est une chanson qui parle d'une espèce de conflit
entre l'île de Santiago et l'île de Saint-Vicent dans le Nord.
Parce que historiquement, les gens de Santiago ont un petit problème
d'un complexe d'infériorité.
Et ceux de Saint-Vicent ont un complexe de supériorité.
C'est quelque chose qui a été implanté par le colonialisme.
Et les gens de Saint-Vicent sont plus métissés.
À Santiago, la population est plus noire.
À un moment, le port est allé à Mindelo, à Saint-Vicent.
Donc c'est devenu très prospère.
Alors qu'à Santiago, les choses étaient un peu plus difficiles.
Donc il y a toujours eu, même aujourd'hui, encore beaucoup de blagues.
Et donc c'est quelqu'un de Santiago qui dit «Tu viens, tu me piques tout, c'est injuste.
On te donne la meilleure part du gâteau.
Mais le justicier va arriver.
Donc c'est toi qui es arrivé.
Donc c'est toi qui repars.
Ici, c'est chez moi.
»
Voilà, moi je le chante au second degré.
Parce que moi je suis du Nord et du Sud.
Je suis du Sud, mais mon père est du Nord.
Et je suis d'une génération qui rigole beaucoup de ça.
Marie-Andrade, merci bien.
Merci beaucoup.
Et merci d'être venu, tout le long de Paris.
Je dis ça en ma langue.
Oui, tout à fait.
C'est spécial pour toi ?
Oui, c'est un spécial.
C'est un CD-DVD qui a été enregistré à la Maison de la Radio à Paris.
Et c'est spécial parce que je ferme une boucle.
En fait, j'ai fait un premier album studio qui s'appelle Navega,
un deuxième qui s'appelle Storia Storia.
Et ce live, c'est une compilation de chansons que j'avais encore très envie de chanter.
Plus quelques covers des Beatles ou de Serge Gainsbourg,
avec des arrangements totalement nouveaux, avec un moi plus un trio acoustique.
C'est encore un autre univers, beaucoup plus improvisé.
Née en Cuba, et puis tu habitais au Sénégal, en Angola, en Allemagne,
et maintenant tu habites à Paris.
C'est un grand voyage.
Oui, mais d'abord j'ai vécu au Cap Vert.
En fait, je suis née à Cuba et je suis partie avec quelques jours.
Je ne suis pas restée à Cuba, je suis vite partie au Cap Vert.
Et c'est là que j'ai vécu les six premières années de ma vie.
Et après j'ai commencé les voyages avec mes parents, qui étaient diplomates.
Et puis quand j'ai décidé de faire de la musique, je suis partie vivre seule à Paris, il y a presque dix ans.
Jeunesse heureusement.
Jeunesse très heureuse, oui.
Et maintenant à Paris ?
Très particulière, avec beaucoup de départs.
Il a tout le temps fallu se réadapter très vite, se faire des amis et après repartir.
C'est très particulier.
Et tu as des souvenirs spécialement de ces pays ?
Oui, chacun de ces pays a joué un rôle très important dans ma personnalité.
Et dans le domaine de la musique ?
Oui, c'est essentiel.
J'ai commencé la musique depuis que je suis née.
Je me souviens de moi, à l'âge de trois, quatre, cinq ans, je chantais déjà.
Mais quand il a fallu penser à un projet, j'ai dit je veux faire de la musique capverdienne,
mais je veux faire quelque chose de différent.
Je ne sais pas encore quoi, mais je veux faire quelque chose de différent.
La musique capverdienne est une musique qui est née d'un métissage qui s'est fait très rapidement au Cap-Vert,
entre des peuples africains et les portugais.
Et on a aussi des héritages des français, des anglais.
Mais c'est une musique, je ne sais pas comment décrire la musique capverdienne.
En fait, on est un archipel de dix îles, et chaque île a quelque chose de très spécifique, de très particulier.
Et c'est un univers très très grand.
Même au Cap-Vert, je me rends compte que les gens d'une île ne connaissent pas forcément très bien les styles de musique d'une autre île.
Oui, il y en a qui sont très populaires, comme la morna, la coladera, le funana.
Mais après, il y a des choses très particulières à chaque endroit,
et qui restent encore inconnues de nous-mêmes les capverdiens.
Je tombe amoureuse de mon pays à chaque fois que j'y retourne, parce que chaque fois je découvre de nouvelles choses.
Qu'est-ce que c'est spécifique au funana ?
Le funana, c'est un style de Santiago, mon île.
[E]
On joue avec un [N] ferrigno.
C'est un instrument, on voit.
C'est un instrument de musique, avec un ferrigno, qui est une barre de fer et un couteau,
sur lequel on joue un rythme, et un accordéon, originalement.
Ensuite, des groupes dans les années 80 ont passé ces rythmes vers des instruments électriques,
la batterie, les claviers, tout ça.
Dans le funana, vous avez quatre genres.
Quatre ?
Ah oui, ok.
C'est pour ça que je vous dis que c'est très riche.
Sur l'île de Fogo, il y a un rythme qui s'appelle la bandera, qui joue avec des tambours.
Il y a plus de 40 styles de bandera.
C'est impossible de connaître pour moi.
Il faut être de là-bas.
Mais tu habites à Paris.
Pourquoi Paris et pas [G] à Cap-Vert ou à [Eb] Lisbonne ?
Lisbonne ?
En fait, comme j'ai beaucoup voyagé, j'ai suivi l'enseignement français.
J'allais à l'école [N] française.
Donc j'ai quand même une culture francophone depuis très jeune.
Au moment de partir au Cap-Vert, tout le monde part.
A 18 ans, quand tu as fini l'école.
Maintenant, on commence à avoir des universités.
Mais quand on veut faire des études et qu'on a les moyens, on part.
On va au Portugal ou au Brésil.
Moi, je voulais chanter.
Donc j'ai choisi une ville cosmopolite avec plein de gens de partout
qui pouvaient m'apprendre plein de choses.
Donc je suis venue à Paris.
La dernière chanson, c'est «Qu'en a-t-il qui travaille ?»
Ça veut dire quoi ?
Ah oui, merci.
Ça veut dire «C'est celui qui est arrivé en dernier qui doit repartir».
En fait, c'est une chanson qui parle d'une espèce de conflit
entre l'île de Santiago et l'île de Saint-Vicent dans le Nord.
Parce que historiquement, les gens de Santiago ont un petit problème
d'un complexe d'infériorité.
Et ceux de Saint-Vicent ont un complexe de supériorité.
C'est quelque chose qui a été implanté par le colonialisme.
Et les gens de Saint-Vicent sont plus métissés.
À Santiago, la population est plus noire.
À un moment, le port est allé à Mindelo, à Saint-Vicent.
Donc c'est devenu très prospère.
Alors qu'à Santiago, les choses étaient un peu plus difficiles.
Donc il y a toujours eu, même aujourd'hui, encore beaucoup de blagues.
Et donc c'est quelqu'un de Santiago qui dit «Tu viens, tu me piques tout, c'est injuste.
On te donne la meilleure part du gâteau.
Mais le justicier va arriver.
Donc c'est toi qui es arrivé.
Donc c'est toi qui repars.
Ici, c'est chez moi.
»
Voilà, moi je le chante au second degré.
Parce que moi je suis du Nord et du Sud.
Je suis du Sud, mais mon père est du Nord.
Et je suis d'une génération qui rigole beaucoup de ça.
Marie-Andrade, merci bien.
Merci beaucoup.
Et merci d'être venu, tout le long de Paris.
Je dis ça en ma langue.
Key:
E
G
Eb
E
G
Eb
E
G
_ _ Un nouvel CD, _ et le premier live.
Oui, tout à fait.
C'est spécial pour toi ?
Oui, c'est un spécial.
C'est un CD-DVD _ qui a été enregistré à la Maison de la Radio à Paris.
Et c'est spécial parce que _ je ferme une boucle.
En fait, j'ai fait un premier album studio qui s'appelle Navega,
un deuxième qui s'appelle Storia Storia.
Et ce live, c'est une compilation de chansons que j'avais encore très envie de chanter.
Plus quelques covers des Beatles ou de Serge Gainsbourg,
avec des arrangements totalement nouveaux, avec un moi plus un trio _ acoustique.
C'est encore un autre univers, beaucoup plus improvisé.
Née en Cuba, _ et puis _ tu habitais au Sénégal, en Angola, en Allemagne,
et maintenant tu habites à Paris.
_ C'est un grand voyage.
Oui, mais d'abord j'ai vécu au Cap Vert. _ _
En fait, je suis née à Cuba et je suis partie avec quelques jours.
Je ne suis pas restée à Cuba, je suis vite partie au Cap Vert.
Et c'est là que j'ai vécu les six premières années de ma vie.
Et après j'ai commencé les voyages avec mes parents, qui étaient diplomates.
Et puis quand j'ai décidé de faire de la musique, je suis partie vivre seule à Paris, il y a presque dix ans. _
Jeunesse heureusement.
Jeunesse très heureuse, oui. _
Et maintenant à Paris ?
Très particulière, _ avec beaucoup de _ départs.
_ Il a tout le temps _ fallu se _ réadapter très vite, se faire des amis et après repartir.
C'est très particulier.
Et tu as des souvenirs spécialement de ces pays ?
Oui, chacun de ces pays a joué un rôle très important dans ma personnalité.
Et dans le domaine de la musique ?
Oui, c'est _ essentiel.
J'ai commencé la musique _ _ depuis que je suis née.
Je me souviens de moi, à l'âge de trois, quatre, cinq ans, je chantais déjà.
Mais _ quand il a fallu penser à un projet, j'ai dit je veux faire de la musique capverdienne,
mais je veux faire quelque chose de différent.
Je ne sais pas encore quoi, mais je veux faire quelque chose de différent.
La musique capverdienne est une musique qui est née d'un métissage qui s'est fait très rapidement au Cap-Vert,
entre des peuples africains et les portugais. _ _
_ Et on a aussi des héritages des français, des anglais.
_ Mais c'est une musique, _ je ne sais pas comment décrire la musique capverdienne.
En fait, on est un archipel de dix îles, et chaque île a quelque chose de très spécifique, de très particulier.
Et c'est un univers très très grand.
Même au Cap-Vert, je me rends compte que les gens d'une île ne connaissent pas forcément très bien les styles de musique d'une autre île.
Oui, il y en a qui sont très populaires, comme la morna, la coladera, le funana.
Mais après, il y a des choses très particulières à chaque endroit,
et qui restent encore inconnues de nous-mêmes les capverdiens.
Je _ _ tombe amoureuse de mon pays à chaque fois que j'y retourne, parce que chaque fois je découvre de nouvelles choses.
Qu'est-ce que c'est spécifique au funana ?
Le funana, c'est un style de Santiago, mon île.
_ [E] _ _ _
On joue avec un [N] ferrigno.
_ C'est un instrument, on voit.
C'est un instrument de musique, avec un ferrigno, qui est une barre de fer et un couteau,
sur lequel on joue un rythme, et un accordéon, _ _ originalement.
Ensuite, des groupes dans les années 80 ont passé ces rythmes vers des instruments électriques,
la batterie, les claviers, tout ça.
_ _ Dans le funana, vous avez quatre genres. _ _
Quatre ?
Ah oui, ok.
C'est pour ça que je vous dis que c'est très _ _ _ _ riche.
Sur l'île de Fogo, il y a un rythme qui s'appelle la bandera, qui joue avec des tambours.
Il y a plus de 40 styles de bandera.
C'est impossible de connaître pour moi.
Il faut être de là-bas.
_ _ _ _ Mais tu habites à Paris.
Pourquoi Paris et pas [G] à Cap-Vert ou à [Eb] Lisbonne ?
Lisbonne _ ?
En fait, comme j'ai beaucoup voyagé, j'ai suivi l'enseignement français.
J'allais à l'école [N] française.
Donc j'ai quand même une culture francophone depuis _ très jeune.
Au moment de partir au Cap-Vert, tout le monde part.
A 18 ans, quand tu as fini l'école.
Maintenant, on commence à avoir des universités.
Mais quand on veut faire des études et qu'on a les moyens, on part.
On va au Portugal ou au Brésil.
Moi, je voulais chanter.
Donc j'ai choisi une ville cosmopolite avec plein de gens de partout
qui pouvaient m'apprendre plein de choses.
Donc je suis venue à Paris.
La dernière chanson, c'est «Qu'en a-t-il qui travaille ?»
Ça veut dire quoi ?
Ah oui, merci.
Ça veut dire _ _ «C'est celui qui est arrivé en dernier qui doit _ repartir».
En fait, c'est une chanson _ qui parle d'une espèce de conflit
entre l'île de Santiago et l'île de Saint-Vicent dans le Nord.
Parce que historiquement, les gens de Santiago ont un petit problème
d'un complexe d'infériorité.
Et ceux de Saint-Vicent ont un complexe de supériorité.
C'est quelque chose qui a été _ implanté par _ le colonialisme.
_ Et les gens de Saint-Vicent sont plus métissés.
À Santiago, la population est plus noire.
À un moment, le port est allé à Mindelo, à Saint-Vicent.
Donc c'est devenu très prospère.
Alors qu'à Santiago, les choses étaient un peu plus difficiles.
Donc il y a toujours eu, même aujourd'hui, encore beaucoup de blagues.
Et donc _ c'est quelqu'un de Santiago qui dit «Tu viens, tu me piques tout, c'est injuste.
On te donne la meilleure part du gâteau.
Mais le justicier va arriver.
Donc c'est toi qui es arrivé.
Donc c'est toi qui repars.
Ici, c'est chez moi.
»
Voilà, moi je le chante au second degré.
Parce que moi je suis du Nord et du Sud.
Je suis du Sud, mais mon père est du Nord.
Et je suis d'une génération qui rigole beaucoup de ça.
Marie-Andrade, merci bien.
Merci beaucoup.
Et merci d'être venu, tout le long de Paris.
Je dis ça en ma langue. _
Oui, tout à fait.
C'est spécial pour toi ?
Oui, c'est un spécial.
C'est un CD-DVD _ qui a été enregistré à la Maison de la Radio à Paris.
Et c'est spécial parce que _ je ferme une boucle.
En fait, j'ai fait un premier album studio qui s'appelle Navega,
un deuxième qui s'appelle Storia Storia.
Et ce live, c'est une compilation de chansons que j'avais encore très envie de chanter.
Plus quelques covers des Beatles ou de Serge Gainsbourg,
avec des arrangements totalement nouveaux, avec un moi plus un trio _ acoustique.
C'est encore un autre univers, beaucoup plus improvisé.
Née en Cuba, _ et puis _ tu habitais au Sénégal, en Angola, en Allemagne,
et maintenant tu habites à Paris.
_ C'est un grand voyage.
Oui, mais d'abord j'ai vécu au Cap Vert. _ _
En fait, je suis née à Cuba et je suis partie avec quelques jours.
Je ne suis pas restée à Cuba, je suis vite partie au Cap Vert.
Et c'est là que j'ai vécu les six premières années de ma vie.
Et après j'ai commencé les voyages avec mes parents, qui étaient diplomates.
Et puis quand j'ai décidé de faire de la musique, je suis partie vivre seule à Paris, il y a presque dix ans. _
Jeunesse heureusement.
Jeunesse très heureuse, oui. _
Et maintenant à Paris ?
Très particulière, _ avec beaucoup de _ départs.
_ Il a tout le temps _ fallu se _ réadapter très vite, se faire des amis et après repartir.
C'est très particulier.
Et tu as des souvenirs spécialement de ces pays ?
Oui, chacun de ces pays a joué un rôle très important dans ma personnalité.
Et dans le domaine de la musique ?
Oui, c'est _ essentiel.
J'ai commencé la musique _ _ depuis que je suis née.
Je me souviens de moi, à l'âge de trois, quatre, cinq ans, je chantais déjà.
Mais _ quand il a fallu penser à un projet, j'ai dit je veux faire de la musique capverdienne,
mais je veux faire quelque chose de différent.
Je ne sais pas encore quoi, mais je veux faire quelque chose de différent.
La musique capverdienne est une musique qui est née d'un métissage qui s'est fait très rapidement au Cap-Vert,
entre des peuples africains et les portugais. _ _
_ Et on a aussi des héritages des français, des anglais.
_ Mais c'est une musique, _ je ne sais pas comment décrire la musique capverdienne.
En fait, on est un archipel de dix îles, et chaque île a quelque chose de très spécifique, de très particulier.
Et c'est un univers très très grand.
Même au Cap-Vert, je me rends compte que les gens d'une île ne connaissent pas forcément très bien les styles de musique d'une autre île.
Oui, il y en a qui sont très populaires, comme la morna, la coladera, le funana.
Mais après, il y a des choses très particulières à chaque endroit,
et qui restent encore inconnues de nous-mêmes les capverdiens.
Je _ _ tombe amoureuse de mon pays à chaque fois que j'y retourne, parce que chaque fois je découvre de nouvelles choses.
Qu'est-ce que c'est spécifique au funana ?
Le funana, c'est un style de Santiago, mon île.
_ [E] _ _ _
On joue avec un [N] ferrigno.
_ C'est un instrument, on voit.
C'est un instrument de musique, avec un ferrigno, qui est une barre de fer et un couteau,
sur lequel on joue un rythme, et un accordéon, _ _ originalement.
Ensuite, des groupes dans les années 80 ont passé ces rythmes vers des instruments électriques,
la batterie, les claviers, tout ça.
_ _ Dans le funana, vous avez quatre genres. _ _
Quatre ?
Ah oui, ok.
C'est pour ça que je vous dis que c'est très _ _ _ _ riche.
Sur l'île de Fogo, il y a un rythme qui s'appelle la bandera, qui joue avec des tambours.
Il y a plus de 40 styles de bandera.
C'est impossible de connaître pour moi.
Il faut être de là-bas.
_ _ _ _ Mais tu habites à Paris.
Pourquoi Paris et pas [G] à Cap-Vert ou à [Eb] Lisbonne ?
Lisbonne _ ?
En fait, comme j'ai beaucoup voyagé, j'ai suivi l'enseignement français.
J'allais à l'école [N] française.
Donc j'ai quand même une culture francophone depuis _ très jeune.
Au moment de partir au Cap-Vert, tout le monde part.
A 18 ans, quand tu as fini l'école.
Maintenant, on commence à avoir des universités.
Mais quand on veut faire des études et qu'on a les moyens, on part.
On va au Portugal ou au Brésil.
Moi, je voulais chanter.
Donc j'ai choisi une ville cosmopolite avec plein de gens de partout
qui pouvaient m'apprendre plein de choses.
Donc je suis venue à Paris.
La dernière chanson, c'est «Qu'en a-t-il qui travaille ?»
Ça veut dire quoi ?
Ah oui, merci.
Ça veut dire _ _ «C'est celui qui est arrivé en dernier qui doit _ repartir».
En fait, c'est une chanson _ qui parle d'une espèce de conflit
entre l'île de Santiago et l'île de Saint-Vicent dans le Nord.
Parce que historiquement, les gens de Santiago ont un petit problème
d'un complexe d'infériorité.
Et ceux de Saint-Vicent ont un complexe de supériorité.
C'est quelque chose qui a été _ implanté par _ le colonialisme.
_ Et les gens de Saint-Vicent sont plus métissés.
À Santiago, la population est plus noire.
À un moment, le port est allé à Mindelo, à Saint-Vicent.
Donc c'est devenu très prospère.
Alors qu'à Santiago, les choses étaient un peu plus difficiles.
Donc il y a toujours eu, même aujourd'hui, encore beaucoup de blagues.
Et donc _ c'est quelqu'un de Santiago qui dit «Tu viens, tu me piques tout, c'est injuste.
On te donne la meilleure part du gâteau.
Mais le justicier va arriver.
Donc c'est toi qui es arrivé.
Donc c'est toi qui repars.
Ici, c'est chez moi.
»
Voilà, moi je le chante au second degré.
Parce que moi je suis du Nord et du Sud.
Je suis du Sud, mais mon père est du Nord.
Et je suis d'une génération qui rigole beaucoup de ça.
Marie-Andrade, merci bien.
Merci beaucoup.
Et merci d'être venu, tout le long de Paris.
Je dis ça en ma langue. _