Chords for Mélenchon raconte Lily de Pierre Perret

[C] On va voir.
_ _ _ [D] _ _
[G] _ _ _ [C] _ _ [D] _ _ [G] _
_ _ _ _ _ _ [F] _ [E] _
_ [Dm] _ _ [C] _ _ [G] _ _ [C] _
_ [G] _ _ _ [Am] _ _ [G] _ [C] _
_ [D] _ _ [Em] _ _ _ [G] _ [C] _
_ [D] _ _ [Em] _ _ [G] _ _ _
_ [Dm] _ _ [Em] _ _ _ [C] _ _
_ [G] _ _ [C] _ _ _ _ _
_ [Am] _ _ [G] _ _ [C] _ _ [E] _
_ _ _ [Am] _ _ _ _ _
_ [G] _ [C] _ _ _ [Dm] _ _ [Am]
Dans [D] la rue, [E] _ _ _ _ [Em] _ [C] _
_ [Am] _ _ _ [C] _ _ _ _
_ [D] _ _ [G] _ _ _ _ _
_ [D] _ _ [Em] _ _ ses [C] frères de couleur, [G] la copine au [C] marteau qui coeur, _ _ _ [D] quand on l'appelait [C] Blanche-Neige,
[G] Lili, _ [C]
elle [Dm] se laissait plus [G] prendre au piège, Lili, _ elle [F] trouvait ça très [Em] amusant, [G] même s'il fallait [C] serrer les dents, [G] ils auraient été [C] trop cons.
Pourquoi avoir choisi la chanson de Pierre Perret, Lili, pour parler de votre enfance _ ?
Parce que j'ai eu une enfance heureuse, _ avec des parents aimants, _ _ _ et puis nous avons quitté l'Afrique du Nord.
Le Maroc ?
Le Maroc.
Moi j'habitais, je suis né au Maroc, _ j'aimais le Maroc, j'aime toujours d'ailleurs.
[Dm]
Et bon, nous voilà rentrés, comme on disait, quelque part où on n'avait jamais été, mais on rentrait.
Et le hasard fait que nous rentrons en même temps qu'un million de pieds noirs quittent l'Algérie, ce sont _ _ mes parents, mes familles. _ _
_ _ _ _ _ _ _ _
_ _ Et donc [A#] dans cette crue humaine incroyable de pauvres gens arrachés à eux-mêmes, oublions un peu les circonstances politiques pour ne considérer que les êtres humains. _
[C] Et ces gens étaient déchirés.
Et moi, _ [Dm] _ [Gm] _ comme eux, d'abord parce que je m'imbibais de leur souffrance.
Vous avez 11 ans à l'époque.
[C]
J'allais avoir 11 ans, et j'ai connu une expérience que des milliers d'autres personnes font, et à laquelle beaucoup de personnes sont indifférentes.
C'est la souffrance de l'exilé.
Vous ne sentez plus les odeurs que vous avez senties jusque-là, vous n'avez plus les paysages. _
Vous vous tournez pour faire des gestes machinaux, et au bout des mains, il n'y a pas les choses que vous attendiez.
Alors, les gens portaient toutes sortes de choses qui ne servaient naturellement strictement à rien, mais qui nous rassuraient.
Alors nous, on était partis, on avait emmené toute la famille, en quelque sorte, même le canari.
Et j'en garde un souvenir amusé et ému, parce que bon, on se déplaçait avec notre mie, quoi, en quelque sorte.
On l'a [D] trouvée plutôt [Em] jolie, Lily.
[G] _ [C] Elle [Dm] arrivait des [Em] Somali, [G] Lily.
_ Dans un [Dm] bateau plein d [Em]'émigrés, qui [G] venaient tous de [C] leur plein gré, vider [G] les poubelles [C] à Paris.
On n'était pas les bienvenus, clairement.
Quand je suis arrivé en Normandie, j'ai commencé une carrière intéressante de bouignol et de bico.
Mais vraiment, vous vous êtes senti rejeté comme la petite Lily, la somalienne qui arrive_
Oui, mais non, _ _ on se sent montré du doigt.
Des fois, ça suffit, quand on a 11 ans.
Les gens _ n'étaient pas si méchants de personne, mais bon, là, la blague à Lily, on l'appelle Blanche-Neige pour rigoler.
Alors, moi, il m'appelait Bico, ça lui faisait rire.
Bon, et puis on sourit.
_ Bon, moi, j'étais un petit garçon, donc j'ai [B] réglé quelques problèmes à coups de poing.
Ça se faisait encore_
ça se faisait assez simplement, à l'époque.
Mais l'acide passait déjà sous l'armure.
Et puis, nous étions des pataouettes, vous comprenez ?
On avait un accent chantant, personne ne parlait comme nous. _
_ [E] On avait vu des tas de choses que personne n'avait vues.
Enfin, moi, [F#] je vous parle de [C] mon expérience [B] de gamin.
Qu'est-ce qu'il pouvait savoir [Em] d'un cactus, d'un bouricot, de la mer Méditerranée, dans le pays de Caux ?
Rien du tout.
Rien du tout.
Donc, nous étions des sortes de martiens.
Voilà.
Et puis, la capacité d'absorption qu'ont tous les êtres humains à accueillir d'autres devient plus forte que le rejet.
Et au bout d'un moment, tout ça est devenu très secondaire pour moi aussi.
_ Mais ça m'a marqué.
— Ça, c'est quelque chose qu'on porte toujours en soi.
Un, l'exil, le rejet.
— Oui.
Mais on cicatrise.
Et comme dit l'adage, de ce dont on n'est pas mort, on ressort plus fort. _ _
Mais c'est vrai que c'est un ressenti d'être mis à part qui vous permet ensuite de compatir d'un seul regard avec celui dont vous voyez qu'il est mis à part, que ce soit parce qu'il n'a pas la même couleur de peau que le plus grand nombre autour de soi ou parce qu'il est pauvre et enfermé dans sa misère.
Bon, ça, c'est des choses qu'on apprend vite à repérer.
Mais ça crée une solidarité humaine et surtout une empathie.
Et cette chanson, moi, je la _ [C] trouve_
D'abord, elle est facile _ [G]
à faire couler en soi.
— Oui.
Oui.
— Ça s'appelle Lily.
Alors bon, le mot Lily_
— Elle est douce.
Elle est douce.
— Voilà.
Elle est douce.
Elle est chantée avec beaucoup d'amour.
Donc il n'y a pas de hargne dans la manière de la chanter.
On pourrait la chanter sur un tout autre ton.
Mais il a choisi cette [C] [Dm] douceur.
Et comme, en ce moment, il y a beaucoup de Lily [Em] sur les [Gm] routes d'Europe, _ moi, ça me [F] percute.
Et je me sens _ _ _ humainement_
Je